A mon cher ministre: comment peut-on faire des économies sur l'avenir de nos enfants?
Par yayoun - 04-06-2009 22:01:29 - 6 commentaires
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6 commentaires
Commentaire de Mustang posté le 04-06-2009 à 22:37:06
Oui comment peut-on OSER faire des économies sur l'avenir de nos enfants!!
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 06-06-2009 à 09:15:12
J'ai écouté jusqu'au bout ce beau festival de tartes à la crème démagogiques. A part le fait que le texte enfonce des portes ouvertes, il fait du misérabilisme à deux balles sur les ZEP qui n'ont pas de moyens, ce qui est relativement faux. J'ai travaillé en zone sensible et ma femme travaille en ZEP depuis 15 ans. Les ZEP ont une attention particulière de la part de l'Education Nationale mais si ça ne fonctionne pas, c'est que ce sont les quartiers qui les contiennent qui sont délaissés, non par l'Etat mais par le pays, en réalité. Les Français veulent bien qu'on s'occupe des "quartiers" mais ils ne veulent pas d'une vraie politique de la ville qui les toucherait au porte-monnaie et qui mettrait des basanés à deux pas de leur demeure bourgeoise.
Je termine ma carrière dans un quartier de Bobos situés plutôt à gauche qui s'offusquent du fait que l'on puisse faire des économies sur le fonctionnement de l'Ecole (on vient de nous faire sauter une classe alors qu'on fonctionne de 23 à 30 par classe) mais ces mêmes bien-pensants préfèrent mettre leurs gosses dans le privé plutôt que de les mélanger avec des gosses d'immigrés. Nous sommes tous comme ça et je dis nous car pour bien comprendre les contradictions de notre société, il faut se regarder dans la glace.
Et malheureusement, tout n'est pas noir ou blanc. En ZEP, pour une famille modeste qui se débat pour tirer ses enfants de la misère, on en a cinq qui n'en ont rien à faire de l'école et qui ne pensent qu'à traficoter pour survivre car ils ne voient pas plus loin que le bout de leur nez.
Moi et mon épouse, nous croyons toujours à ce que nous faisons mais cela ne nous empêche pas de garder les yeux ouverts. La responsabilité de l'état actuel de l'Ecole est partagée par tous :
L'Etat qui ne pense plus qu'en termes de budget.
Les enseignants qui ont, par naïveté, paresse, lâcheté ou calcul politique, laissé filer la discipline, la rigueur et l'exigence dans la pédagogie.
Les inspecteurs (l'administration) qui ne pensent qu'à leur carrière et qui ne font remonter au ministère que les informations qu'on attend qu'ils transmettent.
Les classes privilégiées qui ne veulent vivre qu'entre elles (quand j'étais petit, les pauvres vivaient au centre d'Alençon, ma ville) et qui ne veulent pas voir la misère.
Les habitants des "quartiers" qui ne pensent qu'à se regrouper par affinités ethniques ou religieuses et qui n'ont souvent aucune velléité d'intégration.
Les religieux qui voient dans ces concentrations de population pauvre un terreau fertile pour y semer la graine de l'obscurantisme.
Vous et moi enfin, qui ne pensons qu'à la survie de notre propre progéniture dans un siècle qui a hissé les droits de l'individu trop au-dessus de l'intérêt général.
Tu vas rire, je m'amuse toujours dans mon boulot et je pourrais m'arrêter dans deux ans mais je ferai encore au moins deux ans de plus car j'aime ce que je fais (non, en fait, si je suis enseignant, c'est parce que j'aime l'argent).
Commentaire de yayoun posté le 06-06-2009 à 10:22:53
Merci le Lutin, je crois en effet que c'est une bonne analyse et que ton expérience t'a permis de mettre des mots sur des choses que je commence à découvrir et que je n'arrive pas encore à articuler, sur les paradoxes que je rencontre comme la volonté naïve de donner une chance aux gamins qui n'en ont pas et le ras le bol réel quand pour 25 élèves, il y en a deux qui veulent s'en sortir et 23 qui se fichent royalement de ce que je peux raconter et se montrer d'une violence que je pensais impensable justement chez des enfants de cet âge. Ce n'est qu'un exemple des paradoxes auxquels je me retrouve confronté.
C'est vrai que ce slam ne fait qu'enfoncer des portes ouvertes mais certaines formules me semblent bien tournées.
Après, les solutions, je ne les ai pas non et chaque jour, je découvre de nouvelles choses, positives comme négatives alors je fais avec les moyens du bord...
Commentaire de laurent f posté le 06-06-2009 à 12:56:02
on fait quoi le 7 juin?
Commentaire de Nono_d posté le 06-06-2009 à 15:40:53
Je partage cet avis du Lutin:
"Je termine ma carrière dans un quartier de Bobos situés plutôt à gauche qui s'offusquent du fait que l'on puisse faire des économies sur le fonctionnement de l'Ecole (on vient de nous faire sauter une classe alors qu'on fonctionne de 23 à 30 par classe) mais ces mêmes bien-pensants préfèrent mettre leurs gosses dans le privé plutôt que de les mélanger avec des gosses d'immigrés. Nous sommes tous comme ça et je dis nous car pour bien comprendre les contradictions de notre société, il faut se regarder dans la glace."
Pour ma part, mes filles sont effectivement dans le privé, et cela a été un déchirement pour ma compagne et moi. Pourtant, militant, syndiqué etc, tout me poussait à les inscrire à l'école de notre quartier (nord de Paris) MAIS.... tous les foyers un peu plus aisés que les autres du quartier inscrivent leurs enfants dans le privé... et la mixité du quartier n'existe pas (mais pas du tout...!) à l'école. De plus, après plusieurs déplacements à la sortie de l'école, j'ai été effaré (et le mot est faible) par la violence des gamins, violence que nous retrouvons au parc d'enfants en bas de chez nous. Les "blacks" ne jouent pas avec les "rebeux" et vice vers ça, en tenant des propos que je ne retranscrirait pas ici... Ca me déchire d'écrire ça mais c'est le constat que j'ai pu faire, confirmé par des parents qui eux, n'ont pas le choix...
Bref, plutôt que de demander une dérogation d'affectation, puisque l'école dans cet état d'abandon ne nous convient pas, nous assumons notre décision et cherchons une école privée. Voilà notre histoire scolaire: je pense qu'il y a localement, au cas par cas certainement, une véritable urgence...
Commentaire de kikidrome posté le 19-06-2009 à 12:15:36
j'ai vu Grand Corps Malade à Montélimar, un grand moment !
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