Carnets de voyage: L'Alta Via N°1: Etape 3: Rifugio Cuney- Ollomont
Par yayoun - 18-08-2010 10:04:33 - 2 commentaires
C'est dans l'effort que l'on trouve la satisfaction et non dans la réussit e. Un plein effort est une pleine victoire, Ghandi, Lettres à l'Ashram
Etape 3: Rifugio Cuney (2652m) - Ollomont (1393m): 27 kms, 1660+, 2880-, 8h15
Infos courses:
Bonne, très bonne surprise au réveil ce matin: une vue magnifique sur les montagnes alentour se détachant sur un ciel azur.
Réveil à 7h: on ne pouvait pas prendre le petit déjeûner plus tôt. Pourtant la journée s'annonce longue. La veille, nous avons découvert que le petit guide sur lequel nous nous étions appuyés pour préparer notre rando donne des informations un peu éloignées de la réalité sur le dénivelé. En plus, je réalise que j'ai fait une erreur de frappe sur le topo: le dénivelé négatif ne sera pas 1800- mais de 2800-, erreur inconsciente de ma part mais assez révélatrice de mon opinion à l'égard des descentes. On quitte le refuge à 7h40.
Il fait encore frais et on commence par descendre un peu avant d'attraper un chemin à flanc de colline assez agréable nous menant jusqu'au col de Chaleby (2653m). Pour y accéder depuis le refuge, il existe aussi une variante plus aérienne avec des chaînes: je ne sais pas quel sentier sera choisi pour le Tor.
Ce sentier nous mène, après une descente courte mais raide puis une remontée, jusqu'à l'abri bivouac Clermont Rosaire, joli bivouac avec un petit lac à côté et surtout un panorama à couper le souffle.
Nous ferions bien une pause mais la route est longue aujourd'hui. Nous montons vers le col de Vessonaz (2793m): le vent devient beaucoup plus frais et il faut sortir les gore-tex. On est d'ailleurs un peu surpris par certaines températures. Début août, il peut vraiment faire froid. Nous utiliserons les vestes et les gants à plusieurs reprises. Autant dire qu'en septembre et de nuit, il va falloir prévoir...De là, on bascule à l'ombre dans un univers différent, beaucoup plus minéral, assez austère avec une première descente assez raide dans les pierriers sur les cinq cents premiers mètres. On croise quelques marmottes.
La descente se poursuit sur une sente forestière parsemée de pierres et de marches à travers les sapins jusqu'à arriver à un torrent que l'on longe assez longtemps. Le sentier est agréable et on peut courir la majeure partie du temps. Après une pause ravito, on continue la descente qui devient plus raide: 1500- d'un coup, les cuisses commencent à être bien dures et j'imagine ce que ça donnera sur les coureurs du Tor après 265 kms et des poussières. L'air se réchauffe en vallée. Nous arrivons enfin à une passerelle assez vertigineuse, le pont de Betenda, que l'on traverse avant de remonter vers Closé (1456m), hameau dans lequel le futur refuge est toujours en construction.
Après avoir croisé beaucoup de vaches, c'est un châton cette fois-ci qui vient nous câliner et sauter sur nos sacs. Le temps de refaire le plein d'eau et on le laisse vaquer à ses occupations pour attaquer la montée de plus de 1000m+ qui nous attend pour atteindre le col Brison (2480m). La première partie se fait dans les bois avec des parties roulantes qui alternent avec des bons raidillons. Une fois traversé le 1er alpage (Eclevey), nous faisons une pause pique nique bien méritée à 1700m environ.
Il nous reste normalement 780m à monter. En réalité, nos deux altimètres indiqueront 2525 m pour l'altitude du col. Nous en sommes assez étonnés car jusque là, les indications sur les alpages ou sur les panneaux étaient identiques à nos altimètres, recalibrés tous les matins, à un ou deux mètres près. Mais bon, pour l'instant, revenons à notre montée. Nous repartons après vingt cinq minutes de pause pour atteindre l'alpage Suchéaz (1995m). On continue à travers bois jusqu'à l'alpage Brison (2186m). Là commence une longue traversée vers l'enfer. Le col de Brison ne semble jamais arriver. Le sentier monte très faiblement, la fatigue se fait sentir et la chaleur croissante accroit ce sentiment. Enfin, on voit le col mais qu'il est loin...Nous discutions pour faire passer cette montée plus facilement. Allez, il reste 100m+. Nous croisons des peintres qui rafraichissent les marques jaunes. Enfin, le col arrive et nous faisons là-haut une rencontre surréaliste: un homme râtisse le sentier, iphone à fond diffusant un tube de Madonna. Et oui, on découvre qu'il enlève toutes les pierres du sentier et il est là, à 2500m, avec son rateau comme une sorte d'apparition fantasmagorique.
Enfin, on attaque la dernière descente de la journée nous conduisant à Ollomont avec 1200- d'affilée. Le début est délicat, assez glissant: c'est un ensemble de petits lacets en épingle sur environ cinq cents mètres négatif jusqu'à un plateau panoramique.
Petite pause sur le banc qui domine la vallée: on est en avance sur l'horaire annoncé, on profite de la vue.
Les jambes commencent à faire mal. De là, le sentier effectue une longue traversée à flanc jusqu'à un alpage où se trouvent une trentaine de vaches.
Peu rassurée par certaines vaches noires, je décide de passer de l'autre côté de la clotûre électrique pour regarder la carte et...je prends un bon coup de jus suite à un geste brusque de ma part...hmmm, ça réveille: peut-être que si je mets mes cuisses contre, ça fera une sorte de compex. Les cinq cents derniers mètres négatifs descendent alors sur une piste forestière qui achève les jambes. Petite pause les pieds dans l'eau froide au bord d'un ruisseau mais pour repartir vraiment léger, il aura fallu entièrement se tremper. La fin de la descente me paraît très longue, le village semble ne pas se rapprocher mais enfin, après plusieurs virages, on voit les premières maisons. Toute la journée, mon seul objectif a été d'atteindre Ollomont pour enfin prendre une douche. Ce soir, c'est grand luxe: on dort en B&B. Nous arrivons enfin, refaisons le plein de vivres pour le lendemain mais là, mauvaise surprise: on apprend que le B&B Lo Glacier se situe au fond de la vallée, trois kms plus loin et 170m+ en plus. On est un peu fracassé mais pas vraiment le choix. Pour une fois que nous avions décidé de ne pas faire d'étape bonus, elle s'impose à nous.
On marche, on marche encore et toujours en traversant des villages qui ne sont jamais celui qu'on cherche. Enfin, au bout de quarante minutes, on arrive à Lo Glacier. Le B&B est vraiment au fin fond de la vallée mais permet de bénéficier d'une jolie vue sur les massifs alentour.
La bonne nouvelle, c'est qu'on peut enfin prendre une douche chaude. C'est la plus grande salle de bain que je n'ai jamais vue: un canapé est même installé à l'intérieur...La mauvaise nouvelle, c'est qu'ensuite, il faut redescendre à pied pendant trente minutes pour aller manger au restaurant. Et puis quel restaurant...
Nous partons manger à la Taverna ou le restaurant des géants. Nous commençons par une assiette de charcuterie servie normalement uniquement à Nico mais que nous mangeons à deux tellement elle est copieuse: il doit y avoir une dizaine de tranches de pancetta, une dizaine de speck, des gros morceaux de saucissons et des marrons chauds. Ensuite, nous commandons une soupe à la Valpelline, nom de la vallée. Nous salivons d'avance à l'idée de manger une bonne soupe de légumes, de se réhydrater, faire le plein de sels minéraux. Elle arrive et là...SURPRISE. Un fou rire nous prend. On voit arriver une cassolette qui dégouline de fromage. En réalité, cette spécialité est composée d'une première couche de gras de porc au fond de l'assiette puis de trois tranches de pain superposées et imbibées de bouillon sur lesquelles ont été fondus des kilos de fontine (fromage de la vallée), des yeux de gras flottant au dessus et le tout saupoudré de cannelle. Pour la recette exacte, vous la trouverez ici: www.regione.vda.it/turismo/scopri/enogastronomia/ricette/seupa_vapelenentse_f.asp. Mais ça, on ne le sait pas encore: on cherche désespérément le bouillon sous les tranches successives mais notre cuillère heurte la couenne du porc. Il nous sera impossible de finir l'assiette. Plus on mange et plus il y en a. C'est la multiplication de la soupe...
N.B pour plus tard, ne jamais choisir des plats qu'on ne connait pas pendant une ranod sur plusieurs jours. Cela dit, le reste est très bon mais vraiment copieux. On ne doit pas avoir les mêmes estomacs que les Italiens. Nico goûte la carbonade, ragoût de veau et de cerf accompagné de polenta et nous avons droit à la liqueur de fraise des bois. Le resto est très cosy et chaleureux. Mais il faut à présent repartir à pied pour aller se coucher. Remarquez, nous avions bien besoin d'une petite balade digestive. Après un dernier thé, hop, au lit.
Carnets de voyage: L'Alta Via N°1: Etape 2: Rifugio Barmasse- Rifugio Cuney
Par yayoun - 17-08-2010 18:20:42 - 5 commentaires
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle, Baudelaire, Spleen.
Etape 2: Rifugio Barmasse ( 2157m)- Rifugio Cuney (2652m), 15.4 kms, 1400+, 930-, 5h09
On redescend alors légèrement vers le bivouac Reboulaz (2585m) dont il faut que je vous parle quelques instants.
Il s'agit d'un magnifique bivouac construit par les parents d'un jeune alpiniste, Luac Reboulaz, mort en montagne en 1987 à l'âge de 17 ans. Toute sa famille et ses amis se sont unis afin d'édifier ce bivouac en son honneur. Quelle plus belle façon de rendre hommage à un alpiniste mort en pratiquant sa passion qu'en offrant un abri providentiel à tous les amoureux de la montagne...De plus, il est extrêmement bien entretenu, offrant au voyageur des cîmes trousse de secours, poêle à bois, cuisine, nourriture, lit, couverture, bref, de quoi tenir en cas de besoin...
Nous en profiterons avec Nico lors d'un pique nique des plus romantiques, aux chandelles, alors que dehors, il s'est mis à pleuvoir. Sincèrement, c'est l'un de mes plus beaux repas: ici, une banale tranche de jambon devient de la pata negra, un vulgaire pâté un somptueux foie gras, l'eau de source un excellent cru...c'était génial.
Quarante cinq minutes plus tard, la pluie s'est arrêtée et on lève le camp à regret; j'aurais bien fait une petite sieste moi. Après avoir longé le lac de Luserey, on entre dans un univers plus minéral au milieu des pierres, des blocs et des marmottes. La montée est raide jusqu'au col Terray. Nous rencontrons des chèvres qui s'approchent et sont prêtes à nous suivre. Elles semblent croisées avec des mouflons.
Elles nous laissent passer pour attaquer la descente. Celle-ci est raide et glissante (c'est pas moi qui le dit, c'est Nico) sur une courte partie puis nous entamons ensuite une succession de montées-descentes qui cassent bien les jambes.
Si le sac est devenu beaucoup plus léger et supportable aujourd'hui, question d'habitude j'imagine, les jambes, elles, sont plus lourdes, d'autant plus que le dénivelé annoncé est très loin de la réalité. Nous poursuivons sur un chemin en traversée à flanc de falaise puis s'ensuit une portion de descente plus technique sur quelques dizaines mètres avant d'atteindre le dernier vallon dans lequel serpente un sympathique petit cours d'eau.
Nous nous faisons la réflexion que pour la course, il faudra être bien conscient et lucide car certains chemins sont un peu techniques ou en bord de falaise. En attendant, nous profitons du ruisseau pour faire un brin de toilette sommaire, tremper les pieds mais c'est tellement froid que cela fait très vite mal. On repart avec les pieds aussi légers qu'Hermès, cela tombe bien: la pluie commence à pointer le bout de ses gouttes. Heureusement, le refuge est à deux cents mètres.
C'est un charmant et pittoresque petit refuge accolé au sanctuaire Notre-Dame des Neiges dans lequel se tiennent encore des messes. Il s'agit des messes les plus hautes d'Europe qui sont célébrées pour demander à Marie de distribuer l'eau avec générosité en même temps que parcimonie ou en d'autres mots, de protéger les villages de la sécheresse comme des inondations.
Après avoir posé les sacs, comme il est encore tôt dans l'après-midi, on en profite pour aller faire un tour au dessus voir le lac de l'ermite. Et oui, encore une de ces petites étapes bonus comme on les aime...et hop, 100+ de plus dans l'escarcelle du dénivelé effectué. Le lac bleu glacier donne envie de plonger dedans
mais l'eau est...comme son qualificatif l'indique...glaciale...Le brouillard retombe et nous pousse à regagner le refuge. Ce serait vraiment bête de se paumer à cinq cents mètres du refuge. A peine sommes-nous arrivés au refuge que c'est le déluge, déluge qui continuera toute l'après midi et une bonne partie de la nuit.
Depuis le refuge, on regarde la pluie tombée à travers l'unique fenêtre emplie de buée en bouquinant quelques magazines de montagne qui donnent des idées de balade plus déraisonnables les unes que les autres...le tout à la lueur des frontales. Et oui, le refuge est équipé de panneaux photovoltaïques mais la production a été faible aujourd'hui en raison du mauvais temps...du coup, on économise les ressources. J'apprécie beaucoup cette philosophie de vivre plus en harmonie avec ce que la Terre nous offre, plutôt que piller tout ce qui se présente à notre cupidité. On trouve le message de la Souris avec l'autocollant Kikourou dans le livre d'or.
Arrivent alors quatre Hollandais détrempés avec qui on discute autour d'un bon thé chaud réconfortant dans un mélange de français, anglais et italien. Nous attendons le repas en trompant notre impatience avec des cacahuètes. La faim commence pourtant à se faire sentir. Petite parenthèse, vu ce qu'on a consommé comme fruits secs et oléagineux divers et variés durant la rando, on aurait dû se faire sponsoriser par Ben & Nuts...
Dehors, la pluie a enfin cessé son vacarme et le soleil éclaire les ténèbres des nuages d'orage...
Le repas arrive enfin et il est largement à la hauteur: double ration de penne, sauciesses, courgettes et pêche melba. Le gardien est très gentil, prévenant, soucieux de bien faire, mélange de timidité et de sympathie. Un thé, un peu de lecture et au lit. Demain, la journée va être longue.
Carnets de voyage: L'Alta Via N°1: Etape 1: Valtournenche-Rifugio Barmasse
Par yayoun - 16-08-2010 09:40:20 - 10 commentaires
Nico s'est inscrit sur le Tor des Géants cette année: pour ceux qui ne connaissent pas cette course, il s'agit d'effectuer au départ de Courmayeur 334 kms et 24000+ en 150h maximum (soit six jours) sur les sentiers de l'Alta Via 2 et 1 ( ils sont fous ces Géants...).
Partants du principe qu'il ne profiterait plus forcément des paysages après 220 kms de course, nous avons décidé, pour nos vacances, de partir reconnaître la dernière partie du parcours au départ de Valtouranche.
Ce récit, qui va se dérouler sur plusieurs billets, s'il peut intéresser ceux qui voudraient faire une reconnaissance virtuelle avant la course, est avant tout un récit de vacances. J'ai pris des notes au fur et à mesure de notre randonnée, en essayant d'être précise sur le type de terrain mais il ne faut pas en attendre la précision d'un topo de course. Le kilométrage est basé sur les données du roadbook de la course. Pour les dénivelés, ils proviennent de nos altimètres en recoupant deux données. Vous allez le voir, il s'avère que le dénivelé est souvent sous-estimé, de quelques mètres à quelques centaines de mètres...Au début, la balade devait faire 95.7 kms et 5616+...devait faire... Enfin, concernant le temps mis, c'est celui de la rando effectuée à mon rythme de course et non celui de Nico, en courant tranquillement sur les descentes roulantes et les parties plates et en montant à 600/700m/h, en comptant les pauses changement de vêtements, barres mais pas le pique-nique.
Dimanche 1er Août:
On trouve le sentier dans le village. Pour la course, Valtouranche est une base vie: 239e km, 16743+ effectués. C'est le début de la 6e section de course.
On attaque par une légère descente avant de remonter vers Valmartin (1492m+), jolie petite bourgade avec des chalets typique où l'on s'arrête à l'ombre d'un arbre pour pique-niquer et alléger ainsi un peu les sacs. 13H30: on repart: la montée est dure pour moi. Le poids du sac se fait sentir et je commence à me dire que la rando ne va pas être qu'une partie de plaisir. Cela monte régulièrement dans les paturâges jusqu'à une centrale hydro-électrique. On continue par une montée en forêt
avant d'arriver dans les alpages avec une magnifique vue sur les massifs alentours et le lac de Maen.
On poursuit la montée en direction du barrage de Cigogna sous lequel on passe pour atteindre le refuge Barmasse.
Comme on est en avance sur l'horaire, on ajoute une petite étape bonus.
On pose les sacs et on part explorer les alentours en montant vers la fenêtre de Cigogna, rajoutant ainsi 300+. Après avoir traversé les alpages et quelques fermes, on contemple la vue au sommet sur la vallée de Cervinia et le mont Cervin caché par son chapeau nuageux. Après une pause goûter face à ce magnifique panorama, on redescend en courant en travaillant la foulée. De retour au refuge, on s'écroule dans un sommeil profond durant une bonne sieste de deux heures. En attendant le repas, on discute avec les deux enfants du refuge tant bien que mal en italien. La petite de 6 ans, prénommée Sara, a déjà un vrai caractère de montagnarde.
S'ensuit alors un repas gargantuesque...Vive l'Italie et ses pâtes en primo piatto: au menu, pâtes à la tomate, escalope milanaise, pommes de terre rôties et abricots. Tout cela est fortement apprécié d'autant plus que nous étions affamés...Dehors, l'orage se déchaîne, il pleut des cordes. Je lis Oncle Picsou en italienau coin du poêle , Zio Paperone, puis au lit en espérant que demain, il fera beau et en ayant une petite pensée pour les scouts qui campent dehors...
Par yayoun - 16-02-2010 10:23:14 - 3 commentaires
Ca fait très ...très longtemps que je n'avais pas écrit sur ce blog... Plus depuis la CCC. Et oui, voilà une course qui avait réussi à me faire taire...
D'abord sur mon petit nuage de finisher, ça a été ensuite la démotivation quand il a fallu reprendre: plus envie de courir, plus envie de suivre un programme, des petits blessures...Bref, c'était la fatigue physique et morale: il fallait écouter le corps et faire une pause.
L'envie est revenue début décembre en reprenant le ski de rando et le ski de fond mais c'était dur de suivre un plan sans avoir d'objectif particulier. Après quatre semaines à tricoter un peu, l'envie d'un plan raisonné (enfin, autant raisonné que je veux bien le supporter ) a refait surface.
Résultat: ça repart avec plein de nouveaux objectifs dans la tête et plein d'envie. Après avoir fait l'autocritique de ma préparation de l'année dernière, je me dis que la CCC est passée grâce au mental mais pas grâce au physique.J'anticipe donc mieux ma préparation cette année avec, à nouveau, la CCC en ligne de mire. Pourquoi pas l'UTMB? Parce que, quand j'ai franchi la ligne d'arrivée de la CCC, je me suis dit que j'aurai encore un très long chemin à faire pour l'UTMB...Quatre mois après, je n'étais toujours pas prête. Alors je rempile avec l'envie de faire mieux, le bonheur de savoir ce que c'est et donc de pouvoir mieux le préparer, avec la chance de savoir que, même quand je crois que j'ai touché mes limites, je peux encore me dépasser...
Voilà le programme de l'année, un peu moins chargé que l'année dernière mais plus ciblé:
Janvier: cycle 4 semaines VMA et trail du Semnoz le 23 janvier: ça c'est fait.
7 Février-18 Avril: plan marathon 3h45 en quatre séances par semaine :
- objectif double: - le marathon d'Annecy
- gagner un peu de vitesse pour le trail et donc ne pas oublier que je m'entraine avant tout pour le trail avec le 18 kms des Glaisins le 3 avril: le 30 bornes n'aurait pas été raisonnable et une fois n'est pas coutume, je décide d'être raisonnable.
18 Avril-2 Mai: coupure récupération: rien pendant une semaine puis une semaine vélo-natation.
3 Mai- 4 juillet: orientation plus spécifique trail avec accent sur le dénivelé, les sorties plus longues, l'augmentation du kilométrage: objectifs:
- le Pic saint michel
- le maratrail de Faverges-Odlo.
- soit l'Ultra Champsaur, soir le petit du Trail Verbier Saint Bernard: dans les deux cas: environ 60 kms.
4 Juillet - 14 Juillet: récupération.
14 Juillet- 14 Août: - dernière partie de la préparation spécifique avec des we rando-courses, avec une semaine rando course soit dans les Alpes Suisses, soit dans les Alpes Italiennes.
- Peut être les étapes du grand we trail de la Clusaz à courir en duo avec Nico
14 août - 27 Août: récupération-repos relatif.
Le tout saupoudré de ski de rando, de ski de fond, de raquettes, de vélo, d'escalade parce que ce serait dommage de ne pas profiter de tout ce qu'offre la Haute-Savoie, de pompomculthérapie de mon chéri sur ses trails à lui pour préparer le Tour des Géants.
Et puis deux séances de PPG par semaine et du gainage trois fois par semaine: pour l'instant, je le tiens depuis le 1er Janvier et je trouve que ça change vraiment la donne pour moi au niveau des lombaires et de ma capacité à monter en ski de rando. On verra ce que ça donne sur les montées en courant mais j'avais vraiment besoin de muscler les cuisses...
Voilà, sur le papier, ça m'a l'air pas mal...Je verrai si je tiens le choc, je vous tiens au courant.
Ma course de grande...partie 2
Par yayoun - 05-09-2009 19:20:43 - 1 commentaire
Ma course de grande...Préambule
Par yayoun - 02-09-2009 18:01:00 - 3 commentaires
Les plus belles découvertes cesseraient de me plaire si je devais les garder pour moi, Sénèque.
Prologue:
Août 2008: j'accompagne Jérome_I sur l'UTMB avec mes parents. Je vois le départ. On se dit qu'on doit le faire l'année prochaine. On accompagne, on voit les coureurs se défaire et on pense que c'est un truc de dingue. On regarde l'arrivée, je pleure de voir ces inconnus aller au bout de leurs souffrances et je veux absolument en être.
Décembre 2008: inscription: pensant qu'il y aurait un tirage au sort, nous nous inscrivons pour être sûrs de participer en 2010.
6 janvier: pas de chance, on est tous inscrits, il nous reste neuf mois pour nous préparer.
Préparation:
Avril: Trail des Glaisins:30 kms, 5h, j'arrive à la ramasse avec une bonne grippe.
5 Mai: Nivolet-Revard: 49 kms, 8h55: j'arrive avant-dernière complètement explosée et il faut que je cours le double en août.
Juin: j'enchaîne les trails courts: Faverges odlo (28 kms), Aravistrail (17 kms), Cross du Mont Blanc (22 kms) et la forme commence à venir.
12 Juillet: Merrell sky race: 68 kms, 3600+, j'arrive dernière des finishers en 15h45 mais en bien meilleur état. Juste un petit orteil explosé, problème que je solutionne en changeant de chaussures. Et oui, mes chaussures étaient trop petites...C'est bien la première fois que ça m'arrive.
Fin Juillet: traversée de la Corse par le Mare a Mare centre en trois jours et demi: 70 kms, 4500+.
Mi-août: dernière sortie longue au Buet: 1700+.
Merci à tous ceux qui m'ont accompagné dans mes sorties longues en me faisant découvrir la Yaute et d'autres paysages à commencer par mon premier supporter Nico qui m'a prise avec lui dans la majorité de ses sorties longues ( et pourtant, Dieu sait s'il court plus vite que moi). Un grand merci aussi au Rapace pour les Mole faits et le Buet, à Mai74 pour ses conseils en descente, à Béné, Nono, au Castor, à Rapacette qui assurait le ravitaillement d'après course, à Mamanpat pour les entrainements du jeudi midi et les séances de fractionnés-papotage...(si, si c'est compatible), à Totote et Tercan qui m'ont fait bénéficier de leurs expériences précédentes et à tous ceux qui m'ont délivré leurs conseils, leurs secrets de grands pour m'aider moi aussi à grandir
Le sac:
au moment du départ, il pèse 2 kgs sans l'eau mais pendant la course, j'utiliserai tout ce qu'il y avait dans mon sac. J'y ai juste rajouté une petite peluche porte bonheur, un petit nounours qui me suit dans toutes les balades. Je vous le présenterai une fois sur mon blog.
Ravitaillements: mon plus gros problème en course longue est une sorte de faim constante: je pars donc avec neuf barres de pâte d'amandes et pâtes de fruits sur moi ainsi que trois mini-sandwichs jambon fromage.Je me suis rendue compte qu'au moment des heures de repas, j'ai besoin d'un truc un peu consistant. Je rechargerai neuf barres à Champex.
Assistance: Nico aura été mon coach pendant toute la préparation (et bien plus que ça évidemment) et sera à mes côtés tout le long de la course, pensant pour une fois de l'autre côté de la barrière. J'ai prévu une tenue de rechange à Champex, un double de tout ce que j'utilise en course et surtout, toutes sortes de nourriture pour pallier les différentes difficultés digestives allant du Nutella aux cacahouètes en pensant par les gels, les sandwichs, du riz (je ne mange jamais de pâtes en course telles quelles) , du coca, etc...
Mercredi: retrait des dossards.
Je file sur Chamonix chercher mon dossard. J'ai des papillons dans le ventre. Arrivée sur l'esplanade, je découvre un autre monde. Erreur de débutante, ma tenue n'est pas du tout adaptée...Honte à moi, je suis venue en tenue "civile" avec en plus des tongs aux pieds. Mille excuses, je ne savais pas que la course était mercredi et je ne savais pas non plus qu'il fallait prouver qu'on avait le physique en arborant les tee-shirts des plus grandes courses que l'on a faites. L'année prochaine, c'est promis, je mets la casquette des aiguilles de Bavella, le tee-shirt UTMB, la polaire finsher, le cycliste Faverges Odlo et j'enveloppe mes chaussures dans les sacs à chaussures gagnées sur d'autres courses...
Je découvre le labyrinthe du retrait des dossars avec une organisation un peu tortueuse, je fais baguer mon sac, je ne me fais pas mettre la bague au doigt mais le bracelet au poignet, je retire mon dossard et pars à la recherche du tee-shirt magique dans le village marathon. J'en profite pour faire tatouer mes boosters et je file direction Annecy, cette ambiance me mettant un peu la pression.
Jeudi: les gens du supermarché se demandent pourquoi j'ai une puce au poignet: serais-je une dangereuse délinquante multi-récidiviste???
Pire que ça, je suis "une folle qui va traverser les montagnes en courant"(je cite les paroles entendues chez des randonneurs lors de la course), quelqu'un qui va essayer de repousser ses limites et d'aller au bout d'elle-même et qui va découvrir que toute la frime du retrait des dossards aura totalement disparu à deux heures du matin dans la tente de Trient, laissant les coureurs nus face à eux-mêmes, leurs doutes, leurs peurs, leurs souffrances, leur vérité.
Il est parfois bon d'avoir un grain de folie, Sénèque.Une bonne, une très bonne nouvelle...
Par yayoun - 19-06-2009 19:15:58 - 12 commentaires
Ce billet sera peut-être le plus court de ceux que j'ai écrits mais ce sera celui le plus chargé en émotion certainement.
Ma mutation est tombée ce soir: je suis nommée à Prévessin-Moens...Ce qui veut dire...que....
JE DEMENAGE DANS LA YAUTE
A mon cher ministre: comment peut-on faire des économies sur l'avenir de nos enfants?
Par yayoun - 04-06-2009 22:01:29 - 6 commentaires
Les tribulations d'une Gardoise devenue citadine lyonnaise à la découverte de la Yaute
Par yayoun - 28-04-2009 20:53:01 - 11 commentaires
Ce billet est évidemment à prendre au second degré: toute ressemblance avec des personnes, des épisodes, des poncifs ayant existé ou existant toujours ne serait que pure coïncidence...
Portée par certaines nouveautés très intéressantes dans ma vie, j'ai sauté le pas et j'ai demandé ma mutation pour la Yaute. En attendant la réponse, j'ai commencé à explorer ce territoire inconnu et lointain tous les week-ends...Et bien, la Yaute est encore plus étrange que ce que je m'étais imaginé jusque là...pourtant, avec le Rapace en digne représentant de la région, j'aurais du me doûter que ce coin du pays avait des moeurs bizarres...Mais heureusement, j'ai un très bon guide pour découvrir les spécialités et particularités de cette terre sauvage...
Pour commencer, il fait froid...vraiment froid pour une fille du Sud comme moi...c'est à dire... 15°C...
Ces gens étranges semblent adorer une sorte de poudre blanche qu'on appelle la neige...Ca change du raisin et de ses produits dérivés...Ce qui est sûr, c'est que cette poudre leur est livrée en abondance au moins jusqu'en Avril. Mais j'ai découvert qu'elle pouvait aussi servir d'élément de torture me permettant de pratiquer des sports aussi barbares que sauvages tels que le ski de fond et ses descentes plus qu'angoissantes, le ski de rando et ses traversées de couloir et d'arêtes glissantes, les raquettes grâce à de drôles d'outils à glisser sous les pieds et qui me donnent l'impression de marcher dans des chaussures de géant (du 46 quoi...)...habituellement, nous, on s'en sert plutôt pour taper des balles sous le soleil mais bon, n'allons pas les fâcher...Heureusement, le soleil brille quand même me permettant de conserver mes couleurs du Sud toute l'année...(Qu'est-ce qu'une Gardoise sans son bronzage...Sous crème solaire évidemment...).
Alors quand j'ai vu que toute cette neige était fondue et que les gens étaient tous en tee-shirt à bronzer près du lac, ni une, ni deux, je fais tomber la gore-tex et à moi les débardeurs et les shorts...jusqu'à ce que je mette le nez dehors...ils sont fous dans cette contrée, c'est pire que la Bretagne...il fait 18°c et ils sont en tee-shirt...Je comprends quels sont les dingues qui se baignent dans le Sud à Pâques...Je suis pas prête de quitter la Gore-Tex dans ce pays...Heureusement, elle est bleue et assortie à mon sac...
De plus, le temps a fait équipe avec un autre partenaire pour me surprendre: le relief...Bien sûr, on a quelques côtes dans le Gard mais là, il faut monter 2000m,2500 m sans s'arrêter...je comprends pourquoi le HAUT Savoyard est musclé...il ne bosse pas le même muscle que le Gardois...Résultat, je ne compte plus mes sorties en kms mais en mètres positifs...Et le HAUT Savoyard est capable de vous faire monter ses/ces montagnes à pied, en courant, en raquettes, avec des bâtons, sans les bâtons, avec un équipement de 3 kgs à chaque pied qu'on appelle des skis de rando. On les recouvre d'un élément étrange: des peaux de phoque...mon dieu, je skie sur bibi phoque...(remarque hiltonienne ou bardotienne au choix).
Exemple pour illustrer ma démonstration: mes sorties de ce we en compagnie de Nico et du Rapace.
Première sortie: la montée du Grand Môle: il faut monter 1200m+ en 6 kms...boudiou, ça grimpe. Leçon n°1: ne jamais croire qu'on arrive au sommet, un sommet peut toujours en cacher un autre. Leçon n°2: il fait un temps étrange dans les montagnes: j'ai beau me rapprocher du soleil, je pars en débardeur et je finis avec trois couches en regrettant mes gants...Climat curieux...En plus, on rencontre des animaux différents des sangliers et des taureaux...Ici, un truc se développe devant moi (hein Manu!) et c'est un coq de bruyère qui prend son envol et me fait faire un bond de 3 m...déjà que j'ai du mal à monter, si en plus on me fait reculer...Là, un bruit étrange me fait croire à un rocher qui déboule...erreur, un animal saute, cavale, bondit et me met 1000m- dans le nez...un chamois...Il aurait beaucoup à m'apprendre pour la descente lui...
Deuxième sortie: montée à la pointe du calvaire en ski de rando et découverter de nouvelles traditions: il y a des gens qui ont eu cette idée folle d'aller poser des croix dans les endroits les plus hauts de la région...et le HAUT Savoyard est joueur: il adore montrer une croix depuis la vallée et dire, allez, demain, on monte à celle-là...Sauf que, évidemment, cette croix est quillée généralement en haut d'une arête qu'il faut franchir avec le vide des deux côtés...Déjà, la sudiste aime bien vivre au niveau de la mer alors la faire monter à 2500 voir une croix relève de l'hérésie...Mais lui faire en plus traverser l'arête, monter les échelles avec des pompes de ski, là c'est carrément de la folie...
De plus, pour y monter, il a fallu utiliser des couteaux. Alors non, n'essayez pas d'imaginer comment fixer vos couteaux à viande sur vos skis, ce ne sont pas les mêmes...ces lames accrochées à mes fixations me permettent d'attaquer dré dans le pentu comme ils disent sans glisser sur la neige glacée...Et oui, le Gardois est vantard: lui, il voit une pente, il attaque droit jusqu'à ce qu'il remarque que le HAUT Savoyard fait des petits virages: la technique lui paraît d'abord aller à l'encontre de toute logique mais très vite, la brulûre de ses poumons et de ses cuisses lui font comprendre qu'il ferait mieux de la boucler et de suivre le guide...
Nous redescendons de la montagne et je découvre qu'en fait, le HAUT Savoyard est malin: il attend que le pizzut (l'étranger en corse) ait quitté la station, que la station ait fermé et il profite des pistes désertes...Quelle liberté...
Mais peu de temps après, ils m'emmènent observer une autre coutume étonnante: je commence par croiser des hommes grenouilles vêtus de combinaison, d'un gilet de sauvetage...Incongruïté: ils portent des skis sur lesquels sont fixées des bouteilles vides: je porte alors mon regard au loin: ce que j'y vois dépasse l'entendement: ces hommes et femmes dévalent tout schuss une piste de ski avant de poursuivre leur glisse sur le lac (dont l'eau doit difficilement atteindre les 5°C) afin d'aller le plus loin possible avant d'être repêché par un bateau...Ils sont fous ces HAUTS Savoyards...
Enfin, dernière surprise...en bonne citadine, je vais faire mes courses dans l'hyper de la Part-Dieu qui fait deux étages et dans lequel je suis toujours plus terrorisée par le choix vertigineux que m'offre le rayon lessive: hypoallergénique, couleur, noir, blanc, parfum fruit, aloe vera....Là, je découvre le reblochon à la ferme à Manigod...je me retrouve entre deux rangées de vaches ou plutôt entre deux rangées de culottes de vaches...mais je perrçois quelques repères en voyant de mignons petits chevreaux d'à peine trois semaines qui mordillent tout ce qui passe à leur portée...Je découvre que les vaches tarissent, qu'il y a des engraisseurs de veau...prochaine étape: j'apprends à traire...Après l'achat de tomme et de reblochon à un jeune passionné par cette exploitation et son métier (ça fait plaisir à voir), direction le supermarché...Soudain, un bruit étrange...non, pas celui d'un monstre hurleur en poussette, pas celui d'un client qui a encore pris un caddie dans les tendons, pas celui du haut-parleur qui annonce une promotion de trois secondes sur le poulet mais ...des chèvres...et oui, du producteur au consommateur...Oh pétard, ne le répétez pas mais qu'est-ce que c'est bon un bon reblochon...bon, ça ne vaut pas de la tapenade sur un chèvre frais mais je crois que je vais pouvoir m'habituer à cette région...je vais juste acheter plusieurs pulls...j'ai déjà pris les chaussures de ski de rando...
J'ai surtout découvert une superbe région avec des paysages magnifiques, des gens soucieux du développement durable, de l'écologie...je n'ai jamais vu autant de boutiques et de restaurants bio au m², des gens prêts à faire découvrir les montagnes qui leur tiennent à coeur et qui peuvent vous dire le nom de toutes celles qui vous entourent...bref, des gens amoureux de leur région. Alors je commence à apprendre:la Tournette, le Veyrier, le Parmelan, le Jalouvre, le Sambuy, le Grand Môle...
Et puis comme le dit une citation latine: ad augusta per angusta: on atteint le bonheur par des chemins étroits: dans la Yaute, il suffit de prendre un chemin étroit, de suivre la côte pour arriver sur un replat et alors ouvrir grands les yeux et observer le panorama magnifique qui se dessine autour de nous...Une vue à 360°c comme si l'on était sur le toit du monde, une goutte de génépi, un bout de reblochon, des amis, un super guide pour partager tout ça, elle est pas belle la vie...
Alors depuis le balcon, j'aperçois le Veyrier, le Semnoz et d'autres montagnes que je ne maîtrise pas encore...mais je vois aussi le petit olivier que nous avons acheté, le basilic, le thym, le romarin, je m'approche et je sens ma garrigue...In varietate concordia...unis dans la diversité...
D'ailleurs, j'ai même fait immatriculé mon nouveau pot de Yayoun 74...
Par yayoun - 22-04-2009 17:45:19 - 6 commentaires
Ce week-end était célébré le trentième anniversaire du marathon d'Annecy. A cette occasion, j'avais prévu de faire le semi marathon. Mais un méchant virus m'a cloué au lit pendant une dizaine de jours la semaine précédente et ce we, il m'était encore difficile de dépasser 9 km/h sans avoir l'impression que ma poitrine explosait et qu'on m'avait enlevé mes poumons...En plus, j'avoue que la motivation n'était pas là: il aurait fallu aller crapahuter 20 bornes dans la montagne dans un peloton qui se moque du chrono oui, mais aller taper sur du bitume en pestant parce que je cours moins vite, bof
C'est décidé, à la place, je serai pom-pom girl (un exercice auquel je commence à m'habituer...). Mais je vais quand même retirer mon dossard...ben oui, le débardeur est super...J'ai l'impression que depuis quelques temps, je m'inscris aux courses simplement pour avoir les cadeaux...
Mais la tâche ne va pas être aisée: je dois suivre trois coureurs: Nico (Fastoch) et mes parents. Evidemment, aucun d'eux ne court dans les mêmes temps, ça aurait été trop simple...
Dimanche matin: lever 6h15: pfff, déjà que quand je cours, je me demande pourquoi je me suis inscrite...mais alors quand je cours pas, je resterais bien à trainer sous la couette pendant que les autres vont se fatiguer à courir...ils sont fous ces coureurs... Mais bon, j'ai une bonne raison alors debout. Pour une fois, je ne suis pas spécialement stressée par le départ de la course. On retrouve mes parents au départ et je récupère les affaires de rechange de tout le monde: bilan: la Yayoun se retrouve avec deux sacs à dos l'un sur l'autre, deux clés de voiture, trois clés d'appart, trois téléphones et trois cartes bleues...c'est peut-être le moment de partir en suisse pendant qu'ils courent...manquerait plus qu'on m'attaque à la dynamite pour me voler mon butin...
Trève de plaisanteries: c'est le moment des derniers bisous, bon courage, bonne chance, amusez vous bien et hop, je les laisse partir dans le sas de départ où je les perdrais de vue, cachés qu'ils sont dans les 1800 participants de ce marathon...
Je file me placer sur le pont des Amours pour les voir passer après une boucle de 800 mètres dans Annecy...il est 8h30: 8h37: je vois les trois kenyans suivis de leur soeur kenyane 5e au scratch à ce moment là...Juste le temps d'apercevoir Nico passer et un capitaine de navire apparaît devant moi: et oui, pour le 30e anniversaire, les supporters sont invités à prendre le bateau pour rejoindre Duingt et soutenir les coureurs au 15e km pour les moins rapides, au 29e pour les plus véloces, le parcours étant un aller retour...
Direction le pont du bateau de croisière: 150 supporters sont à bord ou devrais-je dire supportrices car étonnamment, le bateau est surtout occupé par des femmes et des enfants mais aussi quelques maris avec porte-bébés intégrés...A ma grande joie, une super ambiance règne sur le bateau: on part en fanfare, toute corne de brume dehors...On longe la berge pour traverser et on essaie d'encourager les coureurs de loin...
La croisière offre un panorama magnifique sur le lac, le mont Veyrier, la Tournette encore enneigée...Au milieu du lac, tout est paisible, loin du rush du départ et je me plais à profiter de ce moment de tranquilité alors que les auutres courent...
Arrivée à Duingt: nous débarquons au chateau et là le stress monte...il faut courir pour rejoindre la piste cyclable avant qu'elle ne s'engouffre dans le tunnel...Je rate le passage de Nico ou du moins j'espère que je l'ai raté et je commence à flipper que quelque chose se passe mal...je vois mon père mais pas ma mère...je découvre le stress de la supportrice: comment savoir s'ils sont passés? Si je les ai loupés ou s'ils ont arrêtés? Cela dit l'ambiance de folie qui règne ici me fait oublier un peu ce stress: 150 supporters qui débarquent, ça met le feu: on fait une ola pour les coureurs solitaires, on encourage avec les prénoms et on reçoit en échange un sourire, un merci...J'arrive à deviner lequel/laquelle est là pour ce premier marathon: il/elle prend son gel religieusement avec le 15e comme c'est écrit sur le paquet, il sourit et profite des supporters, il ne sait pas encore ce qu'il attend et puis, il y a ceux qui visent le chrono, qui regardent leur montre toutes les 30 secondes, le regard droit, concentré sur leur temps et les kms qui leur restent...
10h05: des bruits de moto, ça y est, les premiers arrivent...Le kenyan Julius passe comme une flèche, facile, tranquille et surtout loin devant les autres, 3 min derrière le 2e puis le 3e...le 4e a déjà plus de 5 min de retard et titube en courant...
10h20: notre capitaine fait l'appel et nous rappelle que le bateau va partir...tous à bord direction l'arrivée...
Les langues se délient, ça discute sec sur le bateau et là, je découvre que nombre de ces femmes à bord sont elles aussi des sportives: une est en récup du marathon de Paris, l'autre a commencé à courir depuis deux mois et atteint enfin 5 kms...toutes suivent leur mari dans toutes ses pérégrinations et voyages...bravo Mesdames...
L'homme du bord lui m'explique qu'ils alternent depuis la naissance de leur premier enfant: un we il court, l'autre c'est elle...
11H: c'est déjà l'heure de débarquer ...On descend de l'Allobroge et direction à nouveau le pont des Amours que je vais traverser trois fois et qui me permet de faire l'aller retour entre le 41e km et l'arrivée...
Je rejoins Manu avec ses enfants et Eldo, Tounik et Langevine qui se prépare pour le semi de l'après midi. On attend le passage de Nico, encourageant les coureurs, Tounik ayant décidé de n'encourager que les coureurs se prénommant Didier...Allez savoir pourquoi...
Enfin, j'aperçois la casquette rouge de loin: Nico arrive: hop, encouragements et traversée en sprint du pont histoire de le rejoindre à l'arrivée...il est concentré sur les derniers mètres et bat son record en bouclant ce marathon en 3h04 et des secondes...Juste le temps de passer les affaires de rechange et direction ma place précédente pour attendre mon père: peur de l'avoir raté, comment saura-t-il où me retrouver mais heureusement, je le vois arriver...nouveau sprint pour l'arrivée: il termine en 3h30, distribution des affaires de rechange et hop, retour à la case départ: j'en ai deux sur trois, il m'en manque une... ma mère prend son temps, tranquille...Au bout d'une heure, je la vois arriver...je termine les 700 derniers mètres avec elle, commence à tousser au bout de deux cent mètres (le semi n'était pas pour moi) et la laisse passer la ligne d'arrivée en 4h28...
Et voilà, tout le monde est arrivé, tout le monde est content d'en avoir fini et direction le restaurant avec les Rapaces au grand complet...
Bilan: bravo à l'organisation pour l'idée de la croisière, c'était magnifique et ça occupe les accompagnateurs.
Pour être la copine d'un mec qui court et de parents qui courent...on a intérêt à courir aussi:
il faut se lever tôt, se transformer en mutant: mélange de sherpa (porter toutes les affaires) et de Mac Gyver (sporténine, gel, pansements, lunettes de soleil, manchons, il suffit de trouver la bonne poche), gérer le stress de savoir si les records perso vont tomber, si tout le monde est dans sa course, etc..., avoir de bonnes qualités de vision pour repérer la tête dans la foule, à l'arrivée (un peu l'impression de chercher Charlie)...Bref, ne pas courir, ce n'est pas de tout repos...